A l'abri de la pluie

Courant toujours main dans la main avec le type que  j'avais rencontré dans la forêt, je vis de loin une lumière éblouissante qui passait une fois sur deux devant mes yeux, qui avait du mal à supporter cela. Plissant les yeux, je remarquai que cette lumière qui semblait tourner sur elle-même était monté sur une grande tour. Un phare ? Nous étions allez si loin ? Retrouvant peu à peu mon ouïe, perdue à cause de l'intensité sonore avec laquelle avait crié le garçon, nous arrivions peu à peu vers le grand bâtiment qui avait l'air ni trop vieux ni trop récent. Il lâcha ma main et ouvrit la porte du phare. Je m'attendais à ce qu'elle soit fermé mais même pas. Étrange. Ne voulant tout de même pas rester dehors, dans le froid et sous la pluie alors que j'avais un moyen de me mettre à l'abri, je ne me fis pas prier pour le suivre dans les escaliers, refermant la porte derrière moi. Une fois au sommet, nous débouchâmes sur une petite cabine qui avait l'air quelque peu abandonné. Je reniflais l'air discrètement, aucune trace de présence ici, du moins pas depuis un certain temps. Regardant la décoration, je la trouvais sympathique mais il ne fallait clairement pas être claustrophobe pour vivre ici. Je vis le jeune homme ouvrir l'armoire, et poser quelques trucs qui était dedans sur le lit. Je me tournais et me penchais vers le hublot laissant une vue vertigineuse sur pratiquement toute la ville. Dehors, c'était la tempête, impossible de sortir par ce temps là. Je soupirai, j'étais coincée ici avec l'autre toute la soirée, voir toute la nuit. Détournant mes yeux de la vitre blanchit par la buée laissée à cause de mon souffle plus chaud que celui d'un humain, je regardais les vêtements posé sur le lit. Tient, j'étais la première fille à mettre les pieds ici. Il n'y avait que des vêtements d'homme surement beaucoup trop grand pour moi. Je renonça à essayer un pantalon, qui aurait tout de suite glisser de mes hanches et serait tomber à terre et optais pour une chemise trois fois trop grande pour moi. Cela suffirait à me couvrir le temps que mon manteau sèche. Attrapant le haut, je le mis sur une chaise puis me mit dos au garçon pour enlever la redingote trempée. Lançant le manteau sur le bureau, à côté du tee-shirt du garçon dont je pouvais sentir le regard se porter sur moi -ou peut être étais-ce que mon imagination-, j'enfilais la chemise et me tournais.

Quand je me retournais, je remarquais qu'il avait changer son tee-shirt avec un de ceux qui était dans l'armoire. Il se laissa tomber sur la chaise à côté du bureau qui protesta d'un grincement sinistre. Je ravalais un "Tu aurais dû y aller encore plus fort sur cette pauvre chaise" mais préférais me taire, je n'avais aucune envie de m'engueuler avec quelqu'un avec qui j'allais surement passer la nuit.

- Je te laisse le lit.

Je hochais la tête à cette remarque, j'avoue que le fait de savoir où est-ce que l'un et l'autre allait dormir ne m'était pas venue à l'esprit. A vrai dire, je m'en fouttais complètement, j'aurais très, bien pus me transformer en louve et dormir à même le sol, cela ne m'aurait pas plus dérangé.

- Au fait, je ne me suis pas présenté tout a l'heure, mais je m'appelle Kyo Sohma. Enfin, si ça t'intéresse de le savoir...

Alors il s'était enfin décidé à me dire son prénom. Vive la politesse. Je ne répliqua rien à la place, un petit rictus étira le coin de mes lèvres. Je me rendais compte, qu'au fond, on était pas si différent l'un de l'autre. Nous avions tous les deux un caractère de chien et pas très polis en prime. Il ne vit pas mon sourire car il s'était déjà levé pour aller regarder à la baie vitrée le déluge et l'agitation des vagues. Je m'asseyais sur le lit discrètement, regardant le soleil baisser peu à peu dans le ciel, passant à travers le brouillard nous envoyant une lumière rosange (mélange de rose et de orange). Rapidement, le soleil laissa place à la lune. Mes yeux se fermèrent peu à peu, ma tête devient lourde et je m'endormie.

La pleine lune. Mes deux grands yeux jaune luisaient dans la nuit, mes babines retroussées montraient deux rangées de dents pointus et menaçante. Un grondement inhumain résonna dans mes oreilles rabattus sur mon crâne. Quelques branches de la grande haie dans laquelle j'étais me couvrait la vue mais je pouvais les voir. Mes proies. Le grondement dans ma gorge redoubla. Un seul mot défilait en boucle dans mon esprit. Tuer. Ma seule raison d'être. M'approchant un peu plus de mes proies, je passais d'un buisson à l'autre pour mieux les voir et ensuite mieux les attaquer. Une autre voix résonna par dessus le bruit que faisait les humains. M'avait-on vu ? Ne voulant pas prendre le risque qu'une de mes proies s'échappe, je décidais de sortir de ma cachette. Attrapant la jambe de la seule humaine présente sur les lieux dans ma gueule, je reçus un grand coup sur la tête, m'obligeant à lâcher la victime qui s'écroula au sol. M'ébrouant, loin d'être sonnée, je me retournais d'un bond vers l'auteur du coup en grognant plus que jamais. L'humain avait dans ses mains une guitare qu'il tenait fermement au niveau du manche. Une lueur de peur étincela dans ses yeux. La peur... Au fond, c'est de ça dont je me nourrissais vraiment. Est-ce vraiment moi qui pense ça ? Suis-je aussi cruelle ? Je reconnus soudain les garçons, ceux qui étaient là lors de ma morsure avant que je ne me réveille à l'hôpital... Avant que je ne quitte la ville parce que... Prenant de l'élan en m'appuyant sur mes pattes arrières, je sautais sur l'humain à la guitare. Trop tard... Je suis un monstre.

Je me réveillais en sursaut sans pour autant pousser le moindre crie. Je n'avais dormis que quelques minutes et pourtant, cela avait suffit à me faire vivre un cauchemar. Encore tremblante, je me levais et allais vers la baie vitrée ou Kyo était encore. Une larme coula sur ma joue, je l'enlevais rapidement d'un revers de la main et avant qu'il ne dise quoi que se soit, je répliquais.

« Rien... C'est juste... Un cauchemar... »

Je soupirais, déjà honteuse de ce que j'allais dire, mais tant pis, je n'avais pas le choix.

« Je... Je ne pense pas pouvoir me rendormir toute seule... ça te dérangerais... De venir avec moi jusqu'à ce que je me rendorme ? »

Je rougis. Pathétique, voilà, ce que j'étais.

Alors que je fixais Kyo droit dans les yeux, je remarquais que mes doigts avaient serrés et secoués la chaise un peu trop violemment, encore pire que quand lui s'était affalé dessus en début de soirée. Je rougis un peu plus de honte, lâchant la chaise, qui avait presque la marque de mes mains à cause de ma force liée à ma race avant de reculer légèrement, cachant mon regard derrière ma frange... J'avais l'air si faible et si fragile... Malgré que mes yeux étaient cachés, je ne pus m'empêcher de détourner le regard en attendant sa réponse. Celui-ci se posa sur la seule horloge dans la pièce qui semblait être à l'heure, ce qui m'avait parut quelques minutes étaient en faites plus de deux heures de sommeil.

«Euh... Je.... Euh oui mais je sais pas trop... Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée tu sais !»

Il était, de toute évidence, très gêné par ma proposition, rien qu'à sa façon de buter sur chaque mots ou presque, il s'était trahit. Remarque, il n'y avait pas que ça, ses joues très rouge le montrait parfaitement bien aussi. Mais je remarquai qu'il y avait quelque chose qui "clochait", comme si, au fond, il aurait put dire oui. Car, oui, je ne pense pas que ce soit une question de volonté, ce n'est pas qu'il ne veut pas mais qu'il ne peut pas. Reculant d'avantage, j'attrapais mon avant-bras gauche avec ma main droite et toujours sans le regarder, je lui lançais d'une petite voix :

« Ce... Ce n'est pas grave dans ce cas... »

Un mensonge. Étant capable de dépenser beaucoup plus d'énergie qu'un simple humain que se soit par ma force ou ma rapidité, j'avais besoin de beaucoup plus de sommeil et si je n'arrivais pas à dormir, cela pouvait avoir énormément d'effet néfaste sur moi, le fait de pleurer tout le temps pour rien était le premier stade et pour moi, qui n'aimait pas montrer mes faiblesses et surtout pas devant quelqu'un, c'était déjà trop. Me retournant, je retournais me "cacher" sous la couette. Personne n'aurait pus me remarquer tellement je ne prenais pas de place sur le lit, seul quelques mèches de mes cheveux pendouillant hors du plumard trahissait ma présence. Je fermais les yeux, sachant que le sommeil ne viendrait pas, une larme coula le long de ma joue et les sanglots affluèrent. Je les réprima comme je pus.

Vous êtes vous déjà moqué d'un enfant, qui, après un cauchemar, voit des monstres un peu partout en ne faisant que fermer leur yeux ? Moi non. Car cet enfant qui n'arrivait pas à fermer l’œil de la nuit, à cause terreurs nocturnes, c'est moi. Je faisais rarement des nuits entière étant petite, quand je parvenais à dormir, c'était que j'avais accumulée trop de fatigue. J'ai dû devenir forte face à ça. Puis, quand les cauchemars se stop peu à peu, cette défense, qui était devenue naturelle avec le temps, s'en va. Quand, au bout de 10 ans, on refait pour la première fois, une terreur nocturne, on ne sait plus comment s'en protéger... Et on retombe en enfance... Bien que le fait d'être cachée sous ma couette me plongeais dans le noir absolue, c'était la seule façon de cacher mes larmes face à Kyo. Les deux seules choses auxquelles je n'avais pas pensée était, d'un la chaleur, ayant une température corporelle plus élevée que celle des humains, normalement, je n'avais pas besoin de couette, du coup, je crevais de chaud au bout de quelques minutes et de deux, le manque d'air frais, je commençais presque à étouffer emmitoufler sous cette couverture ! Alors que j'avais peine à respirer, ce qui accentuait la sonorité de mes sanglots, des bruits de pas vinrent vers moi et une voix mi-énervé mi-fatigué se mit à parler, où tu moins à ronchonner d'un ton... Honteux ?

« Bon, tu me fais une place ou pas finalement ? Il faut juste que tu me promette une chose : Ne prend pas peur en voyant ce qui va se passer et ne te dit pas que c'est "bizarre", ok la louve ? »

Essuyant mes larmes du revers de la main, je sortais la tête de la couette, reprenant au passage de l'air frais et répondais à sa question par un petit « Oui » pratiquement chuchoté. J'avais l'air d'une enfant... Et j'avais horreur de ça mais tant pis. Tout dans mon attitude faisait penser à un enfant qu'on doit réconforter, mes légers sanglots, mes larmes mal essuyés, le fait de demander de dormir avec soit à quelqu'un d'autre ou même encore, quand je me décalai, pour lui laisser une place considérable -on ne peut pas dire que j'en prenais beaucoup aussi-, le fait de tendre les bras vers lui comme pour avoir un câlin. La seule chose qui montrait que je n'étais pas une enfant était mon physique loin d'être enfantin. Je laissa donc Kyo s'installer, restant silencieuse, s'était déjà bien assez gênant pour l'un comme pour l'autre.

Il resta un moment face à elle sans rien dire ou faire. Elle respecta cela, ne bougeant pas. Au bout de quelques minutes, il vint contre en s'excusant. Innocence referma ses bras sur lui sans comprendre, soudain, le corps du jeune homme commença à diminuer à grande vitesse, ne laissant derrière lui que ses vêtements. Quand ce fut finit, il ne restait plus qu'un petit chat roux aux yeux pratiquement de la même couleur que la jeune fille entre ses bras. Elle le regarda, d'abord étonnée puis je me souvenais de ces précédentes phrases "oui mais je sais pas trop je suis pas sûr que ce soit une bonne idée tu sais !" et "Ne prend pas peur en voyant ce qui va se passer et ne te dit pas que c'est "bizarre", ok la louve ?". Elle regarda alors le chat et me sentit comme Alice dans Alice au pays des Merveilles face à Chester, le chat capable de sourire. Elle se souvenait qu'Alice était très curieuse à propos du félin et il fallait avouer qu'elle aussi l'était beaucoup à propos du matou qui était entre ses bras.


« J'espère que le pauvre chat stupide que je suis ne va pas se faire manger par la grande méchante louve pendant la nuit... ! »

Kyo savait parler sous cette forme qu'il, au vu de comment il l'avait prévenu, n'avait l'air d'apprécier ? Gardant cette question bête pour elle, la réplique de la boule de poil avait au moins réussit à lui arracher un sourire. Elle fit non de la tête et voulut lui dire "tu n'es pas stupide" mais elle fut incapable de faire sortir le moindre son de sa bouche à cause des précédents sanglots qu'elle retenait toujours coincé dans sa gorge. Épuisée par tous ces évènements, le sommeil la rattrapa bien vite. Elle se recroquevilla, serrant kyo contre sa poitrine en gagnant rapidement les bras de Morphée.

Un rayon de soleil traversa la baie filtré du grand phrase, attérissant tout droit dans ses yeux. Bien qu'encore fermés, elle pouvait quand même apercevoir la lumière à travers ses paupières. Lâchant un petit grognement, elle s'étira dans le lit dont la couverture avait dû surement valsé d'un de ses coups de pieds durant la nuit. Soupirant, après quelques minutes, elle se décida enfin à ouvrir les yeux. Le chat de la veille avait disparus, laissant place à Kyo déjà réveillé et habillé au milieux de la pièce. S'asseyant sur le bord du lit, elle se frotta les yeux, penchant ensuite la tête l'air étonnée.

« On se réveille rarement avant moi... Je devais vraiment être fatiguée... »

Oui, pas de bonjour ou quoi que ce soit d'autre, la petite Innocence sage de la veille avait disparus, tout comme la transformation en chat de Kyo. Elle se leva doucement, se rendant compte qu'elle portait encore la grande chemise trouvé dans l'armoire de la petite pièce du phare. Elle portait à présent son odeur, ce qui était mieux que, il fallait l'avoué, l'odeur de renfermé lorsqu'elle l'avait mise sur son dos pour la première fois. Elle jeta un coup d’œil dehors, plus un nuage, le soleil était de retour. Kyo devait être content de ce changement de temps, si il aurait plut encore des cordes aujourd'hui, ils auraient été bloqués tous les deux dans le phare et la louve avait horreur d'être enfermée. Se mettant dos à l'homme-chat, sans le prévenir, elle enleva la chemise et se rhabilla avec les vêtements d'hier qui avait eut le temps de sécher. Avant qu'il ne puisse quoi que ce soit à ce sujet, elle reprit la parole en se tournant vers lui.

« A propos d'hier soir... J'ai crus comprendre que tu n'aimais pas beaucoup ta transformation... En tout cas, ne laisse personne dire que tu es étrange à cause de ça. Elle fait partie de toi, si quelqu'un ne respecte pas le fait que tu te transformes en chat, c'est qu'il ne te respecte pas toi. Même si tu n'as pas choisit ce que tu es maintenant, soit fière de ce que tu es. »

Pour une fois, aucune raillerie n'était présente, elle parlait sérieusement et sans ironie, à croire que Kyo pouvait la changer... Elle soupira. Si il était aussi têtue qu'elle, nul doute qu'il ne voudrait pas de ses conseils, mais tant pis, c'était un grand garçon après tout, il faisait ce qu'il voulait. Un bruit retient soudainement l'attention de la jeune fille, son ouïe fine détecta des bruits de pas en contre bas, regardant par la baie vitrée, deux silhouettes surement masculine s'approchait du phare.

« Il est grand temps de partir, on va avoir des ennuies sinon. »